« J’le snack sur la plaque »

prémices du langage sms gastronomique

Il y a de cela bientôt un an, je testais une petite boutique de nourriture sur le pouce, rue Oberkampf à Paris. Par respect pour cet endroit aujourd’hui disparu nous tairons son nom. Dans la petite salle, une jeune femme proposait différents bagels garnis de condiments variés. A part les énormes pots de Philadelphia Cream Cheese fièrement exhibés sur les étagères, rien ici n’approchait la saveur ni l’esprit du fameux pain troué New-yorkais. Mais ne tapons pas sur les morts, car le sujet de cette note n’a rien à voir avec la qualité du déjeuner en question.

Demandant à l’intéressée quelques précisions sur l’un de ses sandwichs, elle clama quelque chose de cet ordre: « Bah j’prends le bagel, j’le coupe en deux, j’le snack sur la plaque, j’y mets du cream cheese et vos garnitures au choix. »

Elle le snack sur la plaque… poésie.

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Café moderne

Mise à jour du 31 octobre 2012

Le couscous n’est plus, les tajines sont rentrés au bled… Des burgers, des tartares et des boulettes ont pris leur place.

La salade Caesar tient la route, quoiqu’un peu sucrée. Le burger est franchement pas mal, avec un bun à la fine pellicule croustillante et au cœur moelleux, et une viande de bœuf presque faisandée et intense. Les frites maisons sont un peu molles mais ça passe. Par contre les boulettes sont bien trop fermes, la sauce au champignon sans intérêt, et la polenta crémeuse prend un peu trop de place dans l’assiette.

Le tout sent un peu trop le déjà-vu, et malgré une qualité globale respectable on ne peut s’empêcher de verser une petite larme de nostalgie en relisant l’article ci-dessous…

Le café moderne cache bien son jeu derrière sa devanture qui ne paye pas de mine, son côté « rade de quartier ». Mais au fond de la grande salle se cache une cuisine qui met les bouchées doubles pour servir des bonnes viandes et du bon couscous.

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Empanadas

la pirouette inespérée

Non, non, ne sautez pas de joie… Je ne vais pas poster la première recette de Chez Food. Elle viendra cette recette, probablement, un jour… ou pas… Mais aujourd’hui je veux vous parler d’une petite aventure qui m’est arrivée.

Hier, le soleil battait son plein sur Paris. Cet événement se faisant rare, les jeunes filles s’empressèrent de raccourcir leurs jupes et accoururent accompagnées de leurs blanc-becs autour du point d’eau le plus proche; la Seine, le Canal St. Martin, la fontaine St. Michel et même certaines fontaines Wallace… Toute cette énergie solaire me fit penser au Mexique, et comme une pensée dérive souvent vers une envie, j’ai décidé de cuisiner des empanadas.

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El Bulli: Cooking in Progress

la dissection morne d'un magicien

J’étais impatient de voir le documentaire « El Bulli: Cooking in Progress » du réalisateur allemand Gereon Wetzel. J’ai toujours été fasciné par « l’homme qui a tout changé », et ai même tenté deux années consécutives de réserver dans son restaurant mythique… en vain est-il vraiment utile de le préciser. Je m’intéresse beaucoup à la cuisine de Ferran Adrià, et je pensais que ce film m’éclairerait d’avantage sur sa pensée, sa créativité, son univers…

Il ne le fit pas.

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Comme à Lisbonne

quand la saudade vous prend

J’ai découvert les pasteis de nata grâce à mon ami Martin. Lors d’un passage dans la ville d’Espinho (prononcez « Chpino ») au Portugal, il m’emmena dans le genre d’endroits magiques que seuls les initiés connaissent et où il faut habituellement des années avant de mériter y pénétrer. Je n’étais pas particulièrement méritant, je lui en suis donc d’autant plus reconnaissant.

En pénétrant dans un immeuble, suivant un long couloir, on arrivait dans une salle à l’odeur unique. Il ne s’agissait pas d’une poker room clandestine enfumée ni d’une table où l’on dégustait des ortolans sous une serviette, mais des fourneaux en pleine activité d’une boulangerie fermée.

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Aux Merveilleux de Fred

la secte de la meringue

On décrit souvent des gnocchi comme des petits coussins d’airs, des petits nuages… Une omelette peut-être aérienne, spongieuse (encore que je préfère les miennes fondantes et coulantes)… Mais revenons sur Terre voyons, aucune nourriture (légale…) ne nous fera nous envoler. Aucune ?

J’ai trouvé une pâtisserie confectionnée avec des blancs d’œufs, du sucre et de la crème fouettée qui à chaque bouchée vous rend plus léger ; votre estomac s’endort, votre gorge se déploie, vos zygomatiques cherches à rejoindre le soleil.

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Pink Flamingo

la pizza rock n' roll

Au feu les Margherita, Regina et autres Quattro formaggi ! Ici les marguerites on les piétine avec des grosses rangers, on coupe la tête des reines et on double la quantité de fromage sur la pizza Cantona (huit fromages !). Au Pink Flamingo, on s’efforce de faire une pizza différente et créative, sans lésiner sur la qualité des ingrédients et avec une pâte confectionnée à partir de farine bio. Pour le côté rock n’ roll on s’approche donc plus de David Bowie que des Sex Pistols.

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L’Orient d’Or

authentique, oui mais...

La quantité de restaurants « asiatiques » proposant une cuisine « chinoise, vietnamienne et thaïlandaise » m’attriste. La cuisine chinoise à elle seule est incroyablement variée et, loin d’être un spécialiste, je me rends tout de même compte que la cuisine cantonaise (spécialité de Dim Sum, portions individuelles, souvent cuisinées à la vapeur) n’a rien à voir avec la cuisine du nord de la Chine (beaucoup de poissons et fruits de mer, l’utilisation de farine de blé au lieu de celle de riz, et aussi le fameux canard laqué de Pékin), ou de celle du Sichuan (très relevée, très pimentée).

Un restaurant « chinois, vietnamien, thaïlandais » est l’équivalent d’un restaurant « français, espagnol, italien »… absurde.

En voyant que l’Orient d’Or se spécialise dans une cuisine du Hunan et du Sichuan, les choses s’annonçaient donc plutôt bien.

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Felix – émincés en gelée aux poissons

c'est une question de goût

Je vous présente Edgar, chat siamois blanc red tabby point, extrêmement bavard, pardon je veux dire philosophe, très affectueux, bourgeois (et n’allez pas penser que c’est moi qui l’ai embourgeoisé, non, non, on me l’a donné comme ça), et incroyablement difficile et capricieux en ce qui concerne la nourriture. Voyez-vous, Monsieur ne tolère que la pâtée pour chats Felix – émincés en gelée aux poissons en sachets fraîcheurs, il est beaucoup moins exigeant en matière de croquettes mais ayant la vessie fragile je limite sa consommation.

J’ai bien sûr essayé de nombreuses marques sur le marché, et parfois il daigne léchouiller le bord de sa gamelle me faisant croire que j’ai enfin trouvé quelque chose qui lui convient, mais au final je suis obligé de me rediriger vers les émincés en gelée aux poissons de Felix. Il serait hors de question de lui donner des émincés en gelée à la viande ou des effilés en gelée au poisson et encore moins des émincés en sauce aux poissons. Le plus étonnant (et énervant) c’est que lorsque j’achète un paquet de ces fameux émincés, Monsieur adore le sachet « carrelet-crevette », il mange sans faire de chichis le « colin-sardine », il ingurgite à contre-cœur le « thon-cabillaud », mais si j’ose lui donner du « saumon-truite » il n’y touchera pas et me regardera de manière méprisante de surcroît.

Comment peut-il y avoir autant de différence entre ces sachets ? Certes les poissons ont tous des goûts différents, mais je ne suis pas dupe, il suffit de lire la liste des ingrédients pour voir que la composition est identique et seul 8% du contenu diffère… Est-ce que 8% de chair de poisson peut suffire à changer radicalement le goût de ces émincés ? Pour en avoir le cœur net, j’ai décidé de goûter.

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Entre les Bras

on s'y sent bien

Tout le monde connaît Michel Bras. Si vous êtes gastronome vous rêvez depuis longtemps de goûter (si ce n’est pas déjà fait) à son fameux Gargouillou, cette assiette baroque mêlant (selon les saisons) plus d’une quarantaine de légumes, herbes et fleurs, tous cuits séparément, différemment, au plus juste, au plus précis. Si vous n’êtes pas gastronome, il y a tout de même fort à parier que vous avez mangé au moins une fois dans votre vie un coulant au chocolat (ou mi-cuit), ce gâteau au chocolat individuel qui dégouline voluptueusement dans l’assiette quand on y plonge sa cuillère, car c’est Michel Bras qui en 1981 a inventé ce dessert que l’on retrouve aujourd’hui un peu partout.

Le film Entre les bras, réalisé par Paul Lacoste, est un magnifique documentaire s’immisçant dans la vie de Michel et de son fils Sébastien (dit Séba) au moment où le père s’apprête à lui passer les rênes de son restaurant trois étoiles de Laguiole.

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