L’Olivier

bienvenue dans la 4ème dimension

L'Olivier - Loup de mer

« Tuut… tuut… tuut… tuut… click. Allo ?
– Allo bonjour, je souhaiterais faire une réservation pour ce soir si possible…
– … ce soir ? eeuh oui d’accord…
– … nous… nous serons cinq…
– …
– … pour 20h…
– Mais vous voulez manger quoi ? Du poisson ? Des moules ?
– Euh… oui… du poisson. »

Lorsqu’on met un pas dans la quatrième dimension, on sent comme un flottement, comme une sensation que, peut-être, il est encore temps de faire marche arrière. Mais la tentation est trop forte, on est happé dans le vortex de l’incertitude, et les anges de la probabilité nous susurrent : « Et si le jeu en valait la chandelle ? Et si de l’autre côté du miroir se trouvait un monde fascinant, fantastique, merveilleux…? »

Croyez-moi : le jeu n’en valut pas la chandelle…

Arrivés sur place on découvre un bar quelconque. Ce genre de bar qui peut facilement basculer dans le glauque si on le pousse un peu, mais qui peut aussi s’avérer être fort sympathique avec l’entourage adéquat. On attend.

On attend.

« Bonjour, nous avons réserv…
– J’arrive. »

On attend. Debout.

On arrête d’attendre, on s’installe en terrasse, et on continue d’attendre.

On arrête d’attendr… ah pardon, si, on continue d’attendre.

Lorsque la serveuse arrive enfin, elle nous propose de vive voix une parillada de poissons, une paella, du loup de mer. Point. Il nous semble bien avoir vu quelques autres plats écrits sur l’ardoise à l’entrée, mais nous avons faim alors la commande est passée.

On attend.

L'Olivier - Loup de mer

Le loup de mer était honnête. Bien cuit, et loin, très loin de la catastrophe que j’attendais. Il était même plutôt bon. La paella était étonnamment « provençale » avec de forts relents de thym, mais si vous oubliez le référent espagnol, elle n’était pas mal non plus. Et puis soudain nous vîmes la serveuse apporter des crevettes frites alléchantes à une table d’habitués.

« S’il vous plaît ? On pourrait en avoir une assiette à partager ?
– Ah ouais vous voulez ça ?
– …
– C’est 15 euros hein.
– Euh oui d’accord… »

On attend à nouveau sans savoir s’il faudrait rire ou pleurer.

L'Olivier - Crevettes frites

Les crevettes étaient elles aussi parfaitement cuites, mais manquaient un peu d’assaisonnement.

La serveuse aussi manquait d’assaisonnement, à moins que justement elle n’ait été trop poivrée, c’est difficile à dire.

La carafe d’eau commandée en début de repas n’arriva jamais, mais la note elle fut sur la table en un rien de temps. 135€ pour 5 personnes, soit environ 27€ par personne pour un apéro, un plat, et une assiette de crevettes partagée.

Il y a des restaurants qui se foutent ouvertement de votre gueule, des attrape-touristes à l’accordéonade facile, ou des je-m’en-fous-de-ta-tronche-royal ! Mais ici la situation est plus complexe : un cuisinier qui se débrouille, mis à mal par un personnel sous anesthésie. Des produits frais, cuisinés justes mais sans enthousiasme, et un service pataud, pas très… patate, patatras… des mots sans sens, un restaurant sans sens, et puis, sans vous en être rendu compte, vous êtes entré dans la quatrième dimension.

NDR : L’intégralité des dialogues de cet article sont garantis authentiques.

L’Olivier
1 quai Aspirant Herbert
34200 Sète, France
Tél. : 09 54 75 19 49

Ouvert tous les jours de 9h à 1h.

Ce soir, le prix par personne fut d’environ 27€.